" Au pécheur de la Jonte " - Bernard

Publié le par Christian

Christian :  Je rentre à l' instant  de Saint jean du Gard où nous étons quelques uns pour assister aux obsèques de Maurice ; 
Au cimetiere protestant de St Jean nous avons pu entendre l' homélie du maire ou de son représentant (Maurice était élu au Conseil Municipal ),  quelques versets de la bible et un petit mot de Chantal puis de Valérie.
Je les mettrai sur ce blog dès que je les aurai reçus.
Nous  avons rencontré sa famille, bu un pot dans sa maison....
Je viens juste de recevoir un mot de Bernard que je vous livre immédiatement :

"    Au pêcheur de la Jonte,


Qu’il m’est difficile d’écrire pour toi ces quelques mots maladroits mais il faut quand même qu’on sache un peu qui tu étais. Arrivé parmi nous depuis peu, tu avais très récemment accepté d’assurer les fonctions de trésorier, déjà. Il se peut que vous ne l’ayez pas remarqué car il était discret à sa manière, le bonhomme, la meilleure qui soit, de celle qui font avancer les choses et dynamise les gens. Souvenez vous ou sachez le, une chaussette faisait défaut, il avait la toile qui convient, la machine à coudre de compétition, la paire de ciseaux et son mètre de couturière, le crayon gras sur l’oreille. Les planeurs du hangar étaient ses mannequins et il en a habillés et parfois chaussés d’appuie-tête, de coussin grand luxe de toute sorte qui font la beauté et le confort d’un poste de pilotage. Le projet d’électrification, c’est encore lui. Il avait cette rage d’aboutir, proche de  la frénésie, de ceux,  certains le penseront, pour qui  le temps est compté.  Lassé du K8 peut être, il avait réalisé son rêve, celui de nous tous, avoir sa machine,  un ASK14. Tu passais en février tu voyais un tas de bois décharné comme les arbres de la forêt en hiver et plus tard en mai tu découvrais un beau planeur, un magnifique planeur qu’il voulait à tout prix te faire essayer. C’était notre Maurice et il trouvait ça naturel ce généreux. Ou allait-t-il donc puiser toute cette énergie  et où trouvait-il le temps en plus d’aller taquiner régulièrement la truite dans la Jonte ? Quelle émotion, son premier vol  à peine la peinture sèche! Je me souviens, je le vois encore, longtemps il arpente les collines de Nivolliers à la recherche d’une ascendance que nous lui souhaitons, puis il a gratte, gratte longtemps, puis il monte très haut jusqu’à devenir un point noir, un beau point noir blanc et rouge dans ce ciel bleu du Causse qu’il aimait tant. Je sais que ce sont des choses que vous connaissez bien mais lui ne fera plus, car ce jour là aussi, il est monté, un jour raté, un jour qui n’aurait jamais dû être dans le calendrier de cette année là, rien de plus, rien de moins. Puis il est parti dans l‘azur sans un adieu, sans un au revoir. Peut-être est-ce là encore la meilleure façon de partir  pour qui n’est heureux que les fesses en l’air: mais c’était quand même trop tôt, beaucoup trop tôt. Tu aurais pu attendre encore un peu, nous avions encore tant et tant de choses à faire ensemble. Maintenant au pays des aviateurs, quelque part là haut, tu dois bien rigoler et nous on va continuer à voler, on va voler, et puis on va continuer ce que tu as commencé et on va le terminer, dans le silence.

Bernard Paffoni


"

Publié dans chanet

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